Aujourd'hui, je vais encore vous bassiner avec Tolkien. (Restez assis ! Je vous partage les illustrations aussitôt après l'intro, c'est promis !)
Ça fait un petit moment que je souhaitais réaliser des peintures inspirées du Silmarillion. Et j'avais été particulièrement émerveillée par la beauté du tout premier chapitre.
Malheureusement, le reste du bouquin m'a donnée l'effet d'un somnifère. Honnêtement, j'ai du m'y reprendre à dix fois pour le lire. (Merci Wiki pour les récaps', avec tous ces personnages...) Ce n'est pas forcément ennuyeux, au contraire, il s'en passe des choses ! Mais de la manière dont le livre est écrit, on a l'impression de parcourir un manuel scolaire.
Source : Instagram
Pour sa défense, précisons que Le Silmarillion est sorti à titre posthume. Les textes ayant été regroupé par son fils Christopher Tolkien, ils sont restés à l'état de brouillon. (Enfin, un brouillon vachement élaboré quand même !) Quoiqu'il en soit, et malgré ce défaut de rythme, le bouquin est comme une boîte à trésors qui recèle une multitude de sujets inspirants tant son univers est riche et somptueux.
Les valars
J'ai réalisé 4 marques-pages, avec cinq des Valars.
Les Valars sont les plus puissants Ainurs. Quand j'imagine ces divinités, je pense souvent au (gorgeous) Prince Nuada dans le film "Hellboy II" de Guillermo Del Toro : une beauté elfique mais sombre.
Namo, Valar de la mort et son frère Irmo, seigneur des songes ; Melkor, le plus puissant des Valars ; Varda, la dame des étoiles ; Manwë, le seigneur du souffle. (graphite, encre et aquarelle) 2021 ©Paontaure
J'aime l'idée que Varda peut regarder soit Melkor (qu'elle a repoussé), soit Manwë (frère du premier, qu'elle a épousé), selon la manière dont les marques-pages sont positionnés :
Alors... Melkor ou Manwë ?
Varda Elentári
J'ai eu envie de réaliser la dame des étoiles en plus détaillée, et surtout dans un format bien plus grand qu'un petit marque-page. Varda est dans mon imaginaire une géante, tout comme le reste des Valars.
Hop ! On ressort les grandes toiles en coton et les tubes de peinture acrylique.
L'effet vaporeux de sa robe en tulle a été particulièrement agréable à faire : ça ressemble un peu à du brossage à sec. C'est rigolo !
Dernière touche : ajout de la lumière avec du Blanc de Titane.
J'éprouve une grande admiration pour les artistes qui arrivent à conserver leur style lorsqu'ils changent de médiums. Pour ma part, j'ai du mal à faire le lien entre le style de mes peintures acryliques et celui de mes aquarelles. Peut-être qu'on reconnaît aussi la même patte sur les deux médiums, mais si c'est le cas je ne m'en rend pas compte à force d'avoir le nez dessus...
À vous d'en juger !
Varda Elentari, dame des étoiles (acrylique sur toile) 2021 ©Paontaure
Ainulindalë
A force de gribouiller sur les Valars, j'ai par conséquence fait un (très) beau rêve sur la cosmogonie de Tolkien : il y avait une terre plate qui flottait dans l'espace, avec une grande montagne à son centre, exactement comme les anciennes illustrations de Midgard dans la mythologie nordique. Et tout autour, les Valars jouaient de leur musique.
Les habituels listes de mots inspirants
Pour ce nouvel ouvrage, j'ai voulu réaliser un cadre doré en peinture afin de faire ressortir le sujet.
Dans ma tête, ça semblait être une idée judicieuse. En pratique, ce fut une catastrophe : j'ai passé toute une journée à peindre uniquement le cadre, entre les bavures et les rafistolages. C'est plus difficile qu'il n'y paraît :
Ça bavouille toujours un peu, mais je suis quand même contente du résultat.
Les peintures pâteuses comme l'acrylique ne sont pas aussi précises que les médiums liquides. La prochaine fois que je me risquerai à nouveau de faire un cadre en peinture, je me tournerai plutôt vers les encres acryliques qui sont liquides mais opaques, ce qui évitera les sur-couches comme ici, et les risques de bavures.
Et comme si je n'avais pas assez sué avec cette histoire de cadre, j'ai rajouté tout autour une partie du Namarië, le poème de Galadriel... en language elfique !
Car désormais, à partir du mont Toujours-Blanc, Varda l'Enflammeuse,
Reine des étoiles, a élevé ses deux mains comme des nuages
Et toutes les routes se sont profondément noyées dans l'ombre ;
Et, venues d'un pays gris, les ténèbres s'étendent
sur les vagues écumantes entre nous, et la brume
recouvre les joyaux de Calacirya pour toujours.
Perdu désormais, perdu pour ceux de l'Est, est Valimar !
(Namarië, JRR Tolkien)
Ensuite j'ai déposé des feuilles calques sur ma toile pour tester des gribouillis avant d'attaquer l'orchestre. Les instruments de musique _objets des mortels _ peuvent casser le côté mystique des Valars, mais tant pis... Pardonnez mon choix, mais je ne voulais pas les peindre en mode choristes. 🙄
Les halos de lumières ont été réalisé avec les doigts. C'est plus simple d'estomper de cette manière.
J'ai effectué les étoiles une à une au petit pinceau. On peut aussi en faire plus rapidement en faisant des éclaboussures avec une brosse, mais je trouve cette technique beaucoup trop hasardeuse.
J'ai passé ma soirée à allumer les étoiles.
Je n'ai réalisé que 14 Valars : j'ai finalement banni Melkor du tableau car il devient dès la création de la terre, le célèbre Morgoth, le "noir ennemi du monde".
"Ainulindalë" (acrylique sur canevas) 2021 ©Paontaure
Cosmogony (Yoko Shimomura)
J'espère que ces illustrations vous auront plu. Ça a été génial de les réaliser. En tout cas, je me suis rabibochée avec l'acrylique, même si j'ai quand même hâte de reprendre la peinture à l'huile le plus rapidement possible !
Si je ne sors pas de fouillis saisonnier d'ici là, je vous souhaite de passer d'excellentes vacances et de belles retrouvailles avec vos proches. On se retrouvera au moins à la rentrée, pour un petit point sur les mises à jours de l'atelier et de la boutique. 😉
À très vite,
Paontaure