Salut à tous et bienvenu aux nouveaux lecteurs!
Aujourd'hui, je vous propose un petit pas à pas à l'aquarelle. Il ne s'agit pas d'un tutoriel. Je pense peut être en faire un dans le futur, si ça intéresse certains d'entre vous, sur un dessin plus simple avec des étapes mieux expliquées, du croquis de départ au rendu final. Mais pour le moment, je vais plutôt me concentrer sur la partie peinture et vous faire découvrir un méthode plutôt rapide (mais sûrement pas très académique) de remplissage à l'aquarelle.
Dans ce pas à pas, je vais vous coloriser une créature plutôt fascinante: le leshen. Dans la mythologie slave, un leshen (ou leshy) est un gardien des forêts et des arbres. J'avais particulièrement trouvé leur design superbe dans le jeu vidéo The Witcher III, avec leur crâne de cerf. Je m'en suis donc fortement inspirée pour le dessin :
Après avoir retracé le crayonné au propre, avec des stylos à encre de Chine, je commence à préparer ma premère base: un lavis très dilué et dégradé en trois couleur: du jaune citron pour les endroits lumineux, du turquoise de cobalt et du vert de Prusse pour finir en haut du dessin. J'utilise un gros pinceau (Petit gris, chez Raphaël n°5, le "803").
Je garde souvent un petit morceau de papier sur le côté qui me servira de brouillon tout au long de la colorisation. Ici, par exemple, j'ai d'abord grossièrement testé les couleurs du lavis sur le bout de papier :
Note: Vous remarquerez que je n'étends jamais au préalable mon papier à l'aide de scotch pour le maintenir en place, comme le font la grande majorité des artistes aquarellistes. Cet oubli (qui peut s'avérer périlleux pour les novices) est volontaire chez moi, car non seulement, je gigotte souvent dans tout les sens quand je peins, mais aussi, il m'arrive aussi de bouger ou tordre un bord de feuille pour faire glisser la peinture. Quoiqu'il en soit, si vous débutez à l'aquarelle, ne choppez pas cette mauvaise manie, maintenez et étirez votre papier sur une planche avant de commencer!
Une fois la peinture sèche, je passe la seconde base: les premiers ombrages. Je reprends les mêmes couleurs que le premier lavis, et je dépose plus généreusement les couleurs sur les endroit à ombrer, toujours avec le même gros pinceau.
Ces deux premiers lavis sont délibérément irrégulier: en fait, ces bases sont comme des filtres photos, elles vont apporter de la lumière, lier les futures couleurs, apporter une certaine ambiance selon les couleurs choisies. Et ce n'est pas bien grave si une couleur bave et dépasse des encrages. Personnellement, j'adore les effets de "ratés" et les éclats de couleurs en arrière fond. Ils ajoutent du caractère à la peinture finale. Il y a même de nombreux artistes qui utilisent du gros grain de sel et des éponges pour créer d'avantage d'auréoles sur les arrières plans.
J'ai beaucoup aimé le mélange des trois couleurs des bases. De ce fait, pour cette illustration, j'ai décidé d'utiliser qu'une petite gamme de couleurs afin de rester dans ces mêmes tons.
Cette fois-ci, avec l'aide de pinceaux plus petits et plus précis, je vais commencer la colorisation des éléments du dessin. Désormais, il est nésséssaire de ne plus déborder des lignes de l'encrage et d'être précis.
Aussi, je n'hésite pas à faire beaucoup de mélanges avec les couleurs de la gamme. Par exemple, pour les arbres, je vais alterner entre le brun sépia et le vert de Prusse, selon les endroits. Pour la végétation, je vais poser des couches successives de jaune citron, de vert de vessie, de bleu ceruleum, et enfin rajouter une légère touche de pourpre très dilué pour ajouter un reflet plus chaud à la verdure.
Après cette étape, je vais m'occuper des détails des ombres. Par exemple, comme vous pouvez le voir en photo ci-dessous, j'utilise un mélange de brun sépia, de gris de payne et de vert de Prusse afin de créer des effets d'ombres sur le tronc d'arbre. Cette étape est plutôt minutieuse, j'utilise donc un pinceau précis mais qui a une très bonne capacité de réservoir d'eau pour pouvoir dilluer la peinture juste après l'avoir déposé (Petit gris Raphaël n°3 le "8383").
Je recommence ce même procédé jusqu'à trois fois de suite, toujours en couches fines, quitte à repasser encore à nouveau, afin de conserver la transparence typique à la peinture aquarelle. (En fait, si le dessin est simple, je vais peindre et m'attarder plus longtemps sur la partie aquarelle. A l'inverse, si le dessin est détaillé comme ce leshen aujourd'hui, je vais alléger la partie aquarelle pour ne pas charger l'illustration.)
Voici maintenant le résultat final :
J'espère que ce petit pas à pas vous aura permis de mieux comprendre le travail derrière mes illustrations, et même de découvrir d'autres techniques pour ceux qui touchent également à la peinture.
Je vous souhaite une bonne semaine, et on se retrouve à nouveau mercredi prochain pour un autre article à la fois créatif et personnel sur le making-of de cartes "Feel good".
Amitiés,
Paontaure